Page 7 - Le magazine citoyen des élèves du réseau AEFE
P. 7
Portrait d'une citoyenne engagée Cameroun
D J A Ï L I A M A D O U A M A L , l a v o i x d e s sa n s -v o ix
Djaï i Amadou Amal est une écrivaine camerounaise et
Un hommage lui est rendu à l'occasion de la
militante féministe, finaliste du prix Goncourt 2020 avec
rentrée culturelle et artistique nationale du
son roman « Les impatientes ».Elle est née en 1975 à
Cameroun en septembre 2019, au cours duquel
Maroua. Elle a connu toutes les difficultés de la vie des
elle a été élevé au rang d'Officier de l'ordre de la
femmes du Nord Cameroun. Victime d’un mariage forcé à
valeur. Elle prononcera à cette occasion un vibrant
17 ans, elle réussira à le quitter au bout de cinq ans. Mais
discours.
dix ans plus tard et un nouveau mariage, elle doit aussi
quitter ce nouvel époux violent et polygame, qui pour la « L’instruction et l'autonomisation de la femme lu
punir kidnappera leurs deux filles. Cherchant un nouveau confèrent les armes nécessaires pour faire
départ, elle s’envolera pour Yaoundé, la capitale au sud efficacement face aux malheurs sociaux qu
du pays. Déterminée, elle qui munie d’un BTS rêvait de jonchent son itinéraire »
devenir journaliste (« Le premier mari de la femme c’est
le diplôme »), se décide à écrire.
« Lorsqu’une femme se
plaint de violences
conjugales, c’est très mal vu
par la société qui, depuis
toujours, est complice de
ces violences-là »
L’association Femmes du Sahel, qu’elle a fondée,
est une organisation qui se bat pour promouvoir
l’amélioration de la condition des femmes et
Ses œuvres parlent de sa culture peule et dénoncent les
défendre l’accès à l' ducation. Elle lutte pour la
discriminations faites envers les femmes. Elles relatent
sensibilisation contre le mariage précoce et forcé,
des choses qu’elle a vécues. « Waalande : l’art de
les viols et toutes violences faites aux femmes.
partager un mari » (2010) a eu un succès immédiat et l’a
Plusieurs moyens ont été mis en place, comme le
fait reconnaî re comme la première écrivaine du
suivi scolaire, les causeries éducatives, les
septentrion camerounais. « Mistriijo la mangeuse d’âmes
prêches auprès des parents, des chefs
» (2013) confirme son talent de romancière et la classe
traditionnels et religieux, des micro bibliothèques,
parmi les femmes influentes du Cameroun. Sa troisième
des microcrédits.
œuvre, « Munyal : les larmes de la patience » (2017) lui
permet de recevoir le prix de l’Alliance internationale des
Les différentes œuvres de Djaï i Amadou Amal lui
éditeurs indépendants, qui lui permet d’être publiée et
valent le surnom « la voix des sans-voix » dans la
largement diffusée dans les pays d’Afrique francophone
presse camerounaise. Nous aurons l’honneur et le
sous le label de la collection Terres solidaires. Grâce à ce
plaisir de l’accueillir parmi nous, afin d’échanger
roman, elle remporte le Prix de la Presse Panafricaine de
sur son engagement, la semaine prochaine.
Littérature qui lui est décerné au Salon du Livre de Paris
Joseph Ayakaba, Fadimatou Djara,
en 2019. Quelques mois plus tard, elle est la lauréate du
Ngolle V Kévin, Naïs Rossi-Laffont,
1er Prix Orange du Livre en Afrique.
2nde B
6