Page 9 - Le magazine citoyen des élèves du réseau AEFE
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Des stéréotypes bien ancrés dans les têtes Pourtant, cette situation pourrait être améliorée
Un stéréotype est un préjugé, une idée, une opinion toute D’après la recommandation de l’ONU, le
faite sans esprit critique ou réflexion préalable. Nous Cameroun s’engage à garantir l’enseignement
avons constaté dans notre classe qu’ils sont encore bien secondaire pour tous les Camerounais. D’ailleurs,
présents : « Les filles ne savent pas courir », « doivent la multiplication des établissements scolaires a
avoir de bonnes manières », « se préparer pour le mariage permis de faire progresser le taux de
», « ne doivent pas se battre », « sont moins intelligentes scolarisation des jeunes filles au Cameroun en
», « doivent être à la cuisine. », « doivent avoir des enfants diminuant la distance pour se rendre à l’école,
plus tard », « sont trop faibles »... En résumé, leur aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine.
éducation doit leur servir à gérer une maison et s’occuper Le Cameroun a ratifié plusieurs accords
d’un mari et de ses multiples enfants tandis que les internationaux (dont la Convention sur les Droits
garçons vont éventuellement « à la guerre », « ramènent de l’Enfant en 1989) qui devraient permettre de
l’argent à la maison », seront des « patriarches » et « changer la loi encore en vigueur sur le mariage
devront subvenir aux besoins de leurs parents ». (15 ans pour les filles, 18 ans pour les garçons
alors que la majorité civile est à 21 ans).
Peu de temps personnel
Les rêves, la créativité de Camarones ne seront
Les conditions de vie des filles à la maison au Ca meroun,
pas forcément ruinés par la discrimination, la
diffèrent selon le milieu de vie qui peut être (aisée, moyen
violence et l’inégalité des opportunités comme
ou démunie) et selon les régions. La fille fait face à des
les générations qui l’ont précédée.
obstacles auxquels les garçons ne sont pas confrontés,
principalement le fardeau des tâches ménagères et de
l’entretien des du foyer : faire à manger, s’occuper de ses
Un pays, deux systèmes scolaires
frères et sœurs, aider… Par conséquent, elles n’ont pas
Les filles et les garçons vont à l’école au
toujours le temps de s’occuper d’elles même.
Cameroun dans un système scolaire qui tient
Dans une journée, une fille de classe moyenne ou aisée, se
son originalité de son bilinguisme. Il en résulte
réveille et va tout simplement à l’école, tandis qu’une fille
deux systèmes scolaires : francophone et
issue d’une famille qui n’a pas beaucoup de moyens se
anglophone, qui sont très différents dans les
réveille plus tôt pour effectuer certaines tâches comme
enseignements, les diplômes et les tenues.
balayer, faire la vaisselle, puiser l’eau, ramasser le bois
Le système francophone se distingue avec des
avant d’aller à l’école. « Accroupies au sol, Salamatou et
matières comme les langues vivantes telles que
Patou, 12 et 14 ans, dépoussièrent le sol avec une
l’allemand et l’espagnol. L’organisation des
balayette de fortune. Chaque matin, c'est le même rituel. A
cycles est différente. Dans le système
5h, Aï ha et Salamatou se lèvent, prient et s'attaquent aux
francophone, 4 ans pour le collège (sixième à
tâches domestiques. Vaisselle, balai, marché ou bois... Les
troisième) et 3 ans pour le lycée (seconde à
corvées sont routinières » rapporte le journal Ca meroon
terminale) ; contre 5 ans (sixième à seconde) et
Tribune.
2 ans (première, terminale) dans le système
Ceci représente donc un frein à leur scolarisation car ayant anglophone.
moins de temps pour se consacrer à l’école, et faisant
face à des discriminations, elles ont moins de chances de
réussir que les garçons. Elles sont encore plus pénalisées
lorsque la famille ne peut pas payer la scolarité pour tous
les enfants car dans ce cas-là, les garçons sont
prioritaires.
De plus, dans certaines régions comme l’extrême Nord ou
encore le Sud-ouest du Cameroun, les filles subissent des
mariages précoces entraî ant une hausse du taux de
natalité chez les adolescentes et accentuant encore plus
la situation désavantageuse dans laquelle elles se
retrouvent. La seconde B
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